Débat sur le fédéralisme en RDC : Richard Muyej parle d’une dangereuse diversion

 



Par Jules Mbuyu


L’ancien Gouverneur du Lualaba Richard Muyej Mangenz Mans a réagit depuis l’Afrique du Sud sur le débat sur le fédéralisme, une proposition de plusieurs acteurs politiques de la RDC.

Sur son compte X ce lundi 01 décembre 2025, Muyej explique que le débat sur le fédéralisme qui agite actuellement l’espace public congolais constitue une dangereuse diversion. 

"Loin de servir l’intérêt national, cette polémique détourne l’attention des véritables urgences : la diplomatie parallèle qui mine notre souveraineté, l’opacité croissante des décisions d’État, et surtout la prédation systématique des ressources publiques et minières. Pendant que nous nous déchirons sur des questions institutionnelles, le pillage continue et le peuple souffre" écrit-il.


Sun City : un compromis historique à préserver


En effet, en 2002-2003, à Sun City puis à Pretoria, les acteurs politiques congolais ont négocié un compromis historique. Face aux tensions entre fédéralistes et unitaristes, une solution équilibrée a émergé : la décentralisation

"Ce modèle, fruit d’une analyse rigoureuse des réalités congolaises, devait concilier unité nationale et autonomie locale. Il constitue le socle du Pacte Républicain qui structure encore nos institutions. Rouvrir ce débat aujourd’hui fragilise cet équilibre patiemment construit et encourage la démarche sournoise du régime actuel visant à rompre avec ce pacte historique".

Et d’ajouter : 

"Si la décentralisation prévue avait été pleinement appliquée, nous aurions déjà réalisé des progrès significatifs en matière d’équité territoriale et de gouvernance locale. Le problème n’est pas le modèle choisi, mais l’absence de volonté politique pour le mettre en œuvre. Le fédéralisme a ses exigences, et l’unitarisme a montré ses limites".


Fédéralisme-unitarisme : un débat inopportun dans le contexte actuel


Le débat fédéralisme-unitarisme n’est pas illégitime en soi. Mais est-ce opportun dans le contexte actuel ? Bien mené, avec hauteur de vue et responsabilité, il peut enrichir notre réflexion institutionnelle. Ni le fédéralisme ni l’unitarisme ne menacent intrinsèquement l’unité nationale lorsqu’ils sont appliqués avec rigueur. Les peurs brandies par les uns et les autres sont donc largement artificielles.

Les fédéralistes invoquent l’immensité du territoire congolais, argument recevable, mais insuffisant. Car le véritable enjeu n’est pas géographique mais économique : comment rééquilibrer le développement entre provinces ? Ce rééquilibrage est non seulement possible, mais indispensable. Aucune province de la RDC n’est pauvre par nature ; notre potentiel est immense et diversifié. Le véritable obstacle réside dans les pratiques héritées du centralisme colonial : concentration excessive du pouvoir, résistance au changement, et surtout, la tentation permanente de la prédation sous toutes ses formes : népotisme, captation des ressources, clientélisme


La nécessité d’un sursaut collectif


Pendant que nous nous divisons sur des questions institutionnelles, le régime de prédation s’enfonce dans une opulence arrogante, sourd aux cris du peuple. Il s’observe, de plus en plus, que ses mécanismes de séduction politique s’essoufflent. Les effets de la manipulation par sa communication propagandiste n’influencent plus l’opinion nationale. Notre peuple observe, comprend et attend.

Pour sortir de cette impasse, le camp de l’opposition doit privilégier la sincérité politique, la volonté de rupture, le sens de l’État et l’engagement collectif autour d’une vision nationale claire. L’hédonisme, l’égocentrisme et le sensationnalisme qui se manifestent au sommet de l’État sont les piliers de la dérive autoritaire que nous devons absolument combattre.


L’heure est à la responsabilité et à l’unité d’action


L’heure n’est pas aux fractures internes qui affaiblissent notre élan collectif. L’heure est à la lucidité et à la responsabilité. Consolidons nos positions, agissons ensemble pour contrer cette dérive qui abîme l’image de notre pays et ignore la détresse quotidienne de notre peuple.

Il faut nous armer davantage de la volonté politique d’agir, d’agir vite et collectivement, afin de stopper cet élan dévastateur.

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