RDC : Ce que doit faire le gouvernement Congolais avant d'interdire le petit commerce aux expatriés selon Urbain Sangwa

 




Par Jules Mbuyu




Le ministère de l'économie nationale, dirigé par Daniel Mukoko Samba, s'était engagé à faire respecter la législation sur l'exercice des petits commerces en République démocratique du Congo. 

Le 12 novembre dernier, des inspecteurs de l'économie nationale, assistés par des agents de la police judiciaire, ont procédé au scellage de plusieurs chambres froides situées sur les avenues Lopori et Bongandanga dans le marché Gambela de la commune de Kasavubu à Kinshasa. 

Ces actions visent à décourager les étrangers qui enfreignent la loi interdisant aux non-nationaux d'exercer le petit commerce en RDC.

L'économiste Urbain Sangwa s'interroge sur certains paramètres avant de mettre en application cette loi sur le petit commerce. 

"Est-ce que le circuit économique est propre pour accueillir les Congolais dans ces petits commerces ? Une grande interrogation. Est-ce que le gouvernement a ouvert une porte de financement des activités des Congolais qui vont se lancer désormais dans ces petits commerces ? Une grande interrogation" dit-il.

Et d'ajouter :

"Est-ce que le système bancaire qui peut octroyer des crédits à ces petits commerçants, les nouveaux intervenants dans les marchés de petits commerces, ce circuit bancaire est préparé par le gouvernement ? Point d'interrogation. C'est la série de toutes ces interrogations qui soulève une grande problématique de la crainte que pourra donner l'entrée dans les petits commerces et la sortie dans les petits commerces de ce qu'on appelle expatriés, et qui sont jusqu'à preuve de contrôles des intervenants permanents dans les petits commerces".

Cet expert en économie conseille le gouvernement congolais à n'appliquer brutalement cette loi.

"Vouloir appliquer cette loi de façon plus tale et brusque va créer des retombées sur le plan de l'économie, comme je le disais. Parce que pour le moment, s'il faut parler d'un Congolais qui veut avoir un crédit pour se lancer dans les petits commerces, effectivement, il n'est pas possible. Parce qu'un crédit bancaire, pour le moment, le taux d'intérêt est entre 20 et 25 %, et que tout commerçant qui va se lancer avec un crédit bancaire dans les petits commerces, il va subir les effets du travail pour le compte de la banque. Entrer dans un système de l'économie comme le petit commerce, ça demande de l'argent. Donc l'accompagnement du gouvernement, c'est de préparer déjà ce circuit. Alors si ce circuit n'est pas préparé, donc n'allons pas en besoin et interdire" explique cet expert en économie.

Urbain Sangwa plaide pour le maintien des expatriés dans le petit commerce pour cette raison. 

"Est-ce qu'il faudra-t-il chasser automatiquement tous les expatriés de ce circuit ? Je ne pense pas. Moi, je suis en train de vouloir plaider pour ces expatriés, qu'on les laisse, prenons le secteur des quincailleries ici à Lubumbashi. Ce sont des petits commerces, bien sûr, à la définition de 2011. Là, on peut se dire que ces petits commerces exercés par ces expatriés, qui l'ont depuis 10 ans. Est-ce qu'ici à Lubumbashi, on était dans l'abondance de matériaux de construction comme maintenant ? Non" conclu-t-il.

Il faut dire que depuis un temps, les Congolais observent avec inquiétude l'essor des petits commerces appartenant aux expatriés dans plusieurs grandes villes du pays.

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