Par Jules Mbuyu
À 11 mois des élections générales en République Démocratique du Congo, prévues le 20 décembre 2023, les actes tendant à museler la liberté d'expression des opposants, journalistes et acteurs de la société civile se multiplient.
Après les arrestations de Jimmy Kitenge (PPRD), Momo Mulapu (PPRD), Thierry Mukekekele (MIRA), ...c'est le tour de Patrick Nyembo Songe, coordonnateur provincial de la jeunesse du Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila d'être arrêté, le samedi 07 janvier 2023, à Lubumbashi.
En effet, le 16 novembre 2022, Patrick Nyembo Songe avait été interviewé par un média local, sur la marche de soutien aux FARDC organisée par l'Union sacrée et prévue le 17 novembre de la même année.
Dans sin interview et en sa qualité d'opposant au régime, le numéro un de la JFCC-Haut-Katanga avait appelé la population de refuser cette marche et d'attendre la leur prévue le 24 février 2023, pour demander au président actuel Félix Tshisekedi de partir, qualifiant le régime ''d'incompétents'', vue la misère qui gangrène le pays.
Selon certaines sources proches du dossier, se sont ses propos qui ont été soulevés par l'ANR, comme une offense au Chef de l'État. Pourtant, le président Tshisekedi en démocrate, avait interdit d'arrêter quiconque oserait le critiquer ou critiquer sa gestion.
Une arrestation qui viole la liberté d'expression à en croire le FCC
La jeunesse du Front Commun pour le Congo (FCC-Haut-Katanga) a alerté ce dimanche 08 janvier 2023 sur l'arrestation de leur coordonnateur Patrick Nyembo par l'ANR. Ceci est contenu dans un communiqué rendu public ce même jour, dont une copie est parvenue à Dynamik Infos.
''La jeunesse du Front Commun pour le Congo Haut-Katanga, en sigle JFCC--H-Kat., tient à informer l'opinion nationale qu'internationale suite à l'arrestation arbitraire de son Coordonnateur Provincial qu'en date de l'émission de ce message, des actions de grande envergure vont être organisées dans toutes les villes de la province pour la libération sans condition de son estimé camarade NYEMBO SONGE Patric arresté à l'ANR. Lubumbashi, en cela nous convoquons une réunion élargie pour cette cause injuste'' a écrit le secrétaire général de la JFCC-Haut-Katanga.
Quid de l'ANR ?
L'Agence nationale de renseignements (ANR) constitue le service de renseignement gouvernemental de la République démocratique du Congo. À la différence de nombreux pays, l’agence cumule les fonctions de service de renseignement intérieur et extérieur[1]. Toute puissante en RDC, l'ANR est fortement critiquée pour son non-respect des droits de l'homme par différentes organisations.
Son quartier général est situé dans la commune de la Gombe, à Kinshasa, et est contigu au palais de la Nation, résidence officielle du président de la République démocratique du Congo.
Placée, durant la présidence de Laurent-Désiré Kabila, sous la direction du Comité de sécurité d'État, l'ANR retrouve une certaine autonomie avec l'avènement de Joseph Kabila. À noter, par ailleurs, qu'à la différence des autres institutions et forces de sécurité congolaises, l'ANR n'a jamais été concernée par l'obligation d'intégration de membres des ex-forces rebelles congolaises (MLC, RCD-Goma, etc.) prévue par les accords de Prétoria de 2003.
L'ANR est créée officiellement le 11 janvier 2003. Ses missions sont :
- La recherche, la centralisation, l’interprétation, l’exploitation et la diffusion des renseignements politiques, diplomatiques, stratégiques, économiques, sociaux, culturels, scientifiques et autres intéressant la sûreté intérieure et extérieure de l’État;
- la recherche et la constatation, dans le respect de la loi, des infractions contre la sûreté de l’État;
- la surveillance des personnes ou groupes de personnes nationaux ou étrangers suspectés d’exercer une activité de nature à porte atteinte à la sûreté de l’État;
- la protection de l’environnement politique garantissant l’expression normale des libertés publiques, conformément aux lois et règlements;
- l’identification dactyloscopique des nationaux;
- la recherche des criminels et autres malfaiteurs signalés par l’organisation internationale de la police criminelle, INTERPOL;
- la collaboration à la lutte contre le trafic de drogue, la fraude et la contrebande, le terrorisme, la haute criminalité économique ainsi que tous autres crimes constituant une menace contre l’État ou l’humanité.
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