RDC/Culture : Le Baobab du théâtre Katangais s'est éteint à 86 ans

 



Par Jules Mbuyu


Le monde du théâtre Katangais est en deuil. L'artiste Odilon Kyembe Kaswili alias Mufwankolo wa Lesa s'est éteint tôt le matin de ce mercredi 17 février 2021, de suite d'une maladie, à l'âge de 86 ans.

L'annonce a été faite par Sando Marteau, un fidèle disciple de l'icône transgénérationnelle de la culture Katangaise.

 "Je viens vous annoncer le décès ce matin (Ndlr mercredi 17 février 2021) du baobab en la personne de Kyembe Kaswili Odilon Mwela Bintu alias Mufwankolo wa Lesa. Tout le programme des obsèques vous sera communiquer" a-t-il dit dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Aîné d’une fratrie de six garçons « plus une fille », Odilon Kyembe a commencé ses farces dès son plus jeune âge. « Ma mère n’est jamais parvenue à me gifler, se souvient-il. Chaque fois qu’elle essayait, j’esquivais et tout le monde se mettait à rire, elle la première. » 

Né en 1935 à Kaluwa, un village des environs de Likasi, ce fils d’un agent de la Générale des carrières et des mines (Gécamines) est envoyé tout jeune auprès de son oncle, à Lubumbashi, pour ses études. Après le primaire, il choisit d’apprendre la menuiserie à l’école des Salésiens de Don Bosco.

Mais le naturel revient au galop. Souvent, pendant les heures de cours, l’esprit de l’apprenti vagabonde. « Au lieu de suivre les explications techniques, je griffonnais des scènes de théâtre sur mon carnet de notes, raconte Mufwankolo. Je m’évertuais à créer des personnages, à leur attribuer des rôles, des paroles… » Il finit par être convoqué auprès du père supérieur. À la lecture de ses textes, ce dernier, surpris et séduit, lui remet des documents sur la biographie de Don Bosco en lui demandant d’en faire une pièce. Kyembe s’exécute, recrute des acteurs parmi ses camarades, distribue les rôles et met en scène la vie du prêtre italien. Un succès. Les religieux lui conseillent d’abandonner la menuiserie pour se concentrer sur le théâtre. « C’est votre voie et elle vous mènera très loin », lui dira le père supérieur.

À la mort de son oncle, Odilon Kyembe est recruté par la Compagnie du chemin de fer du Bas-Congo au Katanga. Mais un accident de travail le renvoie rapidement vers ses premières amours : l’écriture, le jeu… et le théâtre ! S’inspirant du quotidien de ses concitoyens, il écrit des spectacles et les met en scène chez lui, avec ses amis. En 1958, il s’envole pour la première fois vers l’Europe, invité avec sa troupe à Anvers par un groupe d’architectes belges. L’année suivante, c’est à Bruxelles, devant le roi Baudouin, que jouera le Groupe Mufwankolo. « C’était magique de voir toutes ces personnalités belges applaudir notre prestation », se souvient-il.

Le patriarche (il a quatorze enfants et « une quarantaine » de petits-enfants) est toujours aussi passionné en racontant les temps forts de sa vie d’artiste : les répétitions avec le groupe, les succès sur scène ou à la radio… En témoignent les nombreux honneurs et récompenses exposés dans sa maison de Lubumbashi, dont les titres de propriété lui ont été offerts en octobre 2014 par le gouvernorat lors d’une cérémonie donnée pour ses cinquante-huit ans de carrière.

Enfant, comme bien d’autres, elle a « été bercée par ses pièces et sketches diffusés sur les radios locales ». Aujourd’hui encore, avec les comédiens du Groupe Mufwanko, il dit ses pièces en swahili sur Radio Mwangaza deux fois par semaine et joue régulièrement pour la télévision lushoise.

Naissance du Groupe Mufwankolo

Fondée en 1957 par mufwankolo et bwana ntcheko, en 1962 avec l’ouverture de la radio nationale congolaise, la troupe est initiée aux feuilleton radiophoniques, en 1974 passe à la télévision, joue des séries de théâtre en swahili ,ainsi réalise plusieurs pièces, lors du voyage à Bruxelles, elle joue dans neuf villes, ODILONKYEMBE est couronné d’une médaille d’honneur par le roi Baudouin grâce à sa pièce Le chasseur et le blanc .En 1976 ,au Togo, la compagnie obtient le grand prix du festival d’art nègre organisé par le président togolais EADEMA, en 2005 lors du festival organisé par la MONUSCO (mission des nations unies au Congo), elle reçoit le trophée de la paix . La compagnie comptait une vingtaine des membres, et participe régulièrement aux festivals de théâtre organisés à Lubumbashi. Lors du festival de théâtre organisé par la fédération nationale du théâtre section de Lubumbashi en 2013 un hommage non digne de la renommée de la troupe et de son fondateur était célébré.

Commentaires