Lubumbashi : Face à la hausse du carburant, l'économiste Urbain Ngoy Sangwa propose quelques pistes de solutions
Par Jules Mbuyu
Depuis quelques jours, le prix du carburant a sensiblement augmenté depuis à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga et au Kolwezi dans la province du Lualaba suite à une pénurie sévère de ce produit pétrolier.
Ce mardi 21 janvier 2025, le litre d'essence est passé de 4 000 FC à 6500 FC, et certaines stations affichent jusqu'à 8.000 FC. Plusieurs stations services sont d'ailleurs fermées.
Interrogé à ce sujet, l'économiste Urbain David Ngoy Sangwa donne les raisons de cette hausse.
"L'histoire se répète, la crise du carburant au Congo est un sujet récurrent qui suscite de vifs débats. Elle révèle les limites d’un marché sous contrôle strict et expose les difficultés auxquelles sont confrontés les opérateurs pétroliers et les consommateurs. Dans cet article, nous explorons les causes profondes de cette situation, ses conséquences économiques et sociales, ainsi que les pistes pour y remédier. Le marché des carburants au Congo est régi par un cadre strictement contrôlé. Les opérateurs pétroliers n’ont pas la liberté de fixer les prix à la pompe. Toute augmentation ou diminution des tarifs doit être validée par les autorités, qui jouent un rôle central dans le contrôle de ce marché. Cette dynamique a conduit à la création d’une réalité artificielle où les coûts et marges des opérateurs ne reflètent pas toujours les fluctuations du marché international. En outre, l’approvisionnement de certaines régions du pays, notamment dans le sud, est compliqué par les impôts et taxes à l’importation. Cette situation met les opérateurs dans une posture délicate, car les coûts de revient augmentent, rendant leurs activités moins rentables" explique-t-il.
Cette situation a sérieusement impacté le prix du transport en commun. Certains motards et chauffeurs ont doublé voire triplé le prix selon la distance. Ce qui a rendu les déplacements plus coûteux pour certaines personnes dont les travailleurs, les élèves et étudiants...Cela a touché aussi bien les transporteurs des marchandises.
"Une augmentation des prix des produits pétroliers a un effet immédiat sur les coûts de transport. Les transporteurs, qui doivent payer le carburant plus cher, répercutent ces coûts sur les tarifs de transport. Cela a pour conséquence une augmentation des prix des biens et services, en particulier ceux qui dépendent fortement de la chaîne logistique. Bien que le coefficient de corrélation entre le prix du carburant et celui des autres produits soit modéré, l’impact est perceptible, surtout pour les populations les plus vulnérables. Cette situation crée des tensions économiques et aggrave les inégalités sociales" complète-t-il.
Urbain Sangwa invite les autorités urbaines à réguler la course du transport en commun.
"Pour faire face à ces problèmes, les autorités locales, telles que le maire de la ville, ont un rôle clé à jouer. Elles doivent fixer les tarifs des transports en commun, par exemple entre le centre-ville et d’autres quartiers comme ceux de la Ruashi. Toute dérogation à ces prix fixés devrait être sanctionnée par la loi pour prévenir les abus".
Le Congo ne produit pas de carburant localement. Toute l’offre provient de contrats conclus avec de grands producteurs internationaux. Cette dépendance complique la gestion des crises, car les fluctuations des prix sur les marchés mondiaux impactent directement l’approvisionnement national.
Des solutions à envisager
Pour pallier cette crise récurrente, plusieurs mesures pourraient être envisagées :
- Réduction des taxes à l’importation : Alléger la charge fiscale sur les produits pétroliers pour diminuer les coûts de revient.
- Investissements dans les infrastructures : Améliorer les capacités logistiques pour un approvisionnement plus fluide, notamment vers les régions reculées.
- Promotion des énergies alternatives : Encourager l’usage d’énergies renouvelables pour réduire la dépendance au pétrole.
- Renforcement de la régulation : Mettre en place des mécanismes de surveillance et d’ajustement des prix en fonction des réalités économiques.
La crise du carburant au Congo met en lumière les failles d’un système dépendant des importations et fortement contrôlé par l’État. Bien que des efforts soient faits pour maintenir un équilibre, la situation reste précaire. Des mesures audacieuses et stratégiques sont nécessaires pour garantir un approvisionnement stable et limiter les impacts économiques et sociaux sur la population.
Le gouverneur du Haut-Katanga a réuni en urgence ce lundi 20 janvier 2025 le comité de pétroliers du Haut-Katanga. Cette délégation était conduite par son président Joseph Twite Maloba. C’était en présence des ministres provinciaux en charge des hydrocarbures et de l’économie.
L’autorité provinciale voulait obtenir des informations sur l'arrêt du fonctionnement des stations-service de la province. ”Cela est dû à la baisse du niveau de stock de l'essence dans les dépôts de la province”, a indiqué le président des pétroliers.
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