Tanganyika : Interdiction de couper les bois, Jean Kalume prend la défense de la population de Kabalo

 




Par Jules Mbuyu 





Dans les discussions actuelles sur la protection de l'environnement, il est essentiel de comprendre les réalités locales, notamment celles des communautés rurales en République Démocratique du Congo (RDC). L'exemple de la province du Tanganyika, et plus particulièrement du territoire de Kabalo, soulève de nombreuses questions concernant l'équilibre entre la préservation de l'environnement et les besoins vitaux des populations, notamment les défis auxquels font face les habitants de cette région, en particulier en ce qui concerne la coupe du bois et l'accès à l'énergie, tout en mettant en lumière la nécessité de solutions adaptées aux contextes locaux.

Dans la province du Tanganyika, plus précisément dans le territoire de Kabalo, la coupe du bois est une activité essentielle pour la majorité de la population. 

Selon les chiffres locaux, fournis par M. Jean Kalume, un notable du terroir, 99,8% des habitants utilisent du bois pour la préparation de leur repas, notamment le foufou, un aliment de base dans la cuisine congolaise. 

Cette pratique est ancrée dans les traditions et les modes de vie des habitants, qui n’ont souvent pas d’autre source d’énergie pour cuisiner leurs repas.

Cependant, l'introduction de politiques visant à interdire la coupe du bois, dans le cadre de programmes de préservation de l'environnement, soulève un dilemme. 

Les autorités et les ONG insistent sur l'importance de protéger les forêts, qui jouent un rôle crucial dans la régulation du climat mondial et la conservation de la biodiversité. 

"Néanmoins, ces interdictions semblent déconnectées des réalités des populations rurales qui dépendent directement de la coupe de bois pour leurs besoins quotidiens" précise M. Kalume 


La nécessité d'un échange équitable : les solutions alternatives


Le principal problème réside dans le fait qu'il n'existe pas de solutions alternatives concrètes pour remplacer l'utilisation du bois. 

"Si l'on demande aux habitants de ne plus couper les arbres, il est essentiel de leur fournir une alternative viable. Le discours environnemental ne peut être efficace que si les communautés rurales sont accompagnées dans la transition énergétique" insiste-t-il.

Il ne suffit pas de demander à la population de ne pas couper le bois sans leur offrir des options pour répondre à leurs besoins alimentaires et énergétiques. 

"La question qui se pose alors est : qu'est-ce qui a été mis en place pour soutenir ces communautés dans cette transition ? Des projets d'électrification, des usines de transformation du bois ou des solutions énergétiques renouvelables doivent être envisagés afin de permettre à la population de continuer à vivre dignement tout en respectant l'environnement" s'interroge M. Kalume.


L'impact social des interdictions environnementales


Les interdictions concernant la coupe du bois peuvent avoir un impact social majeur, en particulier sur les femmes et les enfants des communautés rurales. 

Dans de nombreuses familles, ce sont les femmes qui sont responsables de la collecte du bois pour cuisiner, un travail souvent pénible qui constitue une part essentielle de leurs tâches quotidiennes. 

"Interdire cette pratique sans offrir d'alternatives pratiques risque donc de créer des tensions sociales et de nuire à la vie quotidienne des familles" prévient la même source, qui prends "l'exemple d'une mère de famille vivant dans le territoire de Kabalo. Cette femme, souvent sans autre source d'énergie, doit couper des arbres pour cuisiner le foufou et nourrir ses enfants. Lui interdire cette pratique sans lui offrir de solution concrète revient à ignorer ses besoins fondamentaux et à aggraver sa situation. Il est donc crucial d'ouvrir le dialogue avec ces communautés et de leur proposer des solutions réalistes et accessibles".


L'importance des initiatives locales et de la sensibilisation


Il est également essentiel de souligner le rôle des initiatives locales dans la protection de l'environnement. Le gouverneur actuel de la province, Christian Kitungua, et d'autres acteurs locaux soutiennent des projets de sensibilisation environnementale, qui, selon eux, peuvent sauver l'humanité. 

Cependant, pour que ces projets soient réellement efficaces, ils doivent être accompagnés de mesures concrètes visant à améliorer les conditions de vie des populations rurales.

Les sensibilisations doivent aller de pair avec des actions concrètes. Par exemple, l'introduction de technologies plus écologiques pour la cuisson des repas, comme les foyers améliorés, pourrait réduire la dépendance au bois tout en respectant les ressources naturelles locales. 

De plus, le développement d'infrastructures, comme des usines de transformation ou des projets d'électrification rurale, permettrait de diversifier les sources d'énergie et de répondre aux besoins fondamentaux de la population.


Un changement nécessaire mais complexe


Le débat sur la coupe du bois et la préservation des forêts en RDC est complexe et nécessite une approche nuancée. Il est essentiel de protéger l'environnement, mais il est tout aussi important de tenir compte des besoins des communautés rurales, qui vivent souvent dans des conditions précaires. 

Plutôt que d'imposer des interdictions sans offrir d'alternatives, les autorités doivent développer des projets d'accompagnement pour garantir une transition énergétique juste et équitable.

Ainsi, les initiatives de préservation de l'environnement doivent être accompagnées de solutions concrètes qui répondent aux besoins de la population. Sans cela, il est peu probable que les politiques environnementales soient bien acceptées et qu'elles aient un impact positif à long terme sur les communautés rurales de la RDC. 

Il est donc impératif de repenser ces politiques en tenant compte des réalités locales et de proposer des alternatives adaptées aux besoins des populations.

Commentaires