Par Jules Mbuyu
Le secteur de l’enseignement supérieur en République Démocratique du Congo traverse une nouvelle vague de turbulences. Après le mouvement de grève initié par les enseignants de l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP), les professeurs de l’Université de Lubumbashi (UNILU) ont à leur tour décidé de suspendre leurs activités académiques, à partir de ce vendredi 13 décembre 2014.
En toile de fond, des revendications salariales et un profond désaccord avec le leadership du Secrétaire général de l’ACASUL (Association des Chefs d’Ateliers et Chefs de Section de l’UNILU).
Le professeur Vincent Kimba, président du comité de crise a affirmé que "ces dernières années, les professeurs de l'UNILU ont toujours bénéficié les fruits de combats des autres et en même temps, l'absence des professeurs de Lubumbashi au front du combat mené au niveau national a fini par les qualifier de faux professeurs et indignes".
Un Contexte de Mécontentement Général
Le déclenchement de la grève par les enseignants de l’UNILU s’inscrit dans un contexte de frustration généralisée au sein des institutions académiques de la province du Haut-Katanga. Les professeurs dénoncent :
- Le non-respect des engagements financiers pris par les autorités compétentes.
- Les mauvaises conditions de travail qui impactent non seulement leur quotidien, mais aussi la qualité de l'enseignement offert aux étudiants.
- Une gestion jugée inefficace de l’ACASUL, à qui ils reprochent un manque de représentativité et de fermeté dans la défense de leurs intérêts.
Ces griefs ne sont pas nouveaux, mais ils prennent aujourd’hui une ampleur particulière, avec des grèves qui se propagent d’une institution à l’autre.
Le désaveu du Secrétaire général de l'ACASUL
Un point marquant de cette crise est le désaveu formel exprimé par les enseignants de l'UNILU envers le Secrétaire général de l’ACASUL. Ils l'accusent d’avoir failli à sa mission de défendre les intérêts des professeurs face aux autorités académiques et gouvernementales. Ce désaveu du comité de l'ACASUL dirigé par ke professeur Numbi Kanyeba reflète une perte de confiance dans les structures qui sont censées les représenter.
En désapprouvant le leadership actuel, les professeurs signalent leur volonté de restructurer la gestion de leur institution et de rétablir un dialogue plus ferme avec les autorités compétentes. Ce geste symbolise également une tentative de prise en main de leur propre destin, face à une situation qu’ils jugent intenable.
Un Impact inquiétant sur l’Enseignement Supérieur
La multiplication des grèves dans le secteur de l’enseignement supérieur a des répercussions graves sur :
1. La continuité des activités académiques : Les étudiants de l’UNILU, comme ceux d’autres institutions touchées, voient leurs cours suspendus, ce qui risque de perturber le calendrier académique.
2. La qualité de l’éducation : Les interruptions répétées nuisent à l'apprentissage et sapent les efforts de réforme du système éducatif en RDC.
3. L’image des institutions universitaires : Ces grèves répétées ternissent la réputation des universités congolaises, à un moment où elles cherchent à accroître leur visibilité et leur attractivité au niveau international.
Vers une Résolution de la crise ?
Pour résoudre cette impasse, plusieurs pistes sont envisagées :
- Un dialogue constructif entre les enseignants, l’ACASUL, et les autorités académiques et gouvernementales pour répondre aux revendications salariales et améliorer les conditions de travail.
- Une réforme structurelle de la gestion des institutions académiques, afin d’assurer une meilleure représentativité des professeurs et une transparence accrue dans la gestion des fonds alloués.
- La mise en place d’un mécanisme durable pour éviter les crises récurrentes, notamment par une augmentation des budgets consacrés à l’enseignement supérieur.
En sus, le mouvement de grève des professeurs de l’Université de Lubumbashi, après celui de l’ISP, illustre l’urgence d’une réforme en profondeur du système d’enseignement supérieur en RDC. Les revendications des enseignants sont le symptôme d’un malaise plus profond, qui nécessite une réponse rapide et adaptée de la part des autorités.
Pour l’UNILU et d’autres institutions du Haut-Katanga, l’enjeu dépasse la simple reprise des activités académiques. Il s’agit de restaurer la confiance entre les différents acteurs, de garantir des conditions de travail décentes aux enseignants, et de préserver l’avenir de milliers d’étudiants congolais.
IL ÉTAIT TEMPS !
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