Ituri-sécurité : Fermeture des églises, des attaques meurtrières, les responsabilités de l'état (analyse du prof. Pilo Kamaragi)

 

Par Jonathan Basimaki à Bunia

Lors d'une conférence de presse à Bunia, le professeur émérite et sociologue Pilo Kamaragi, membre du Conseil économique et social de la République, a une nouvelle fois analysé la situation sécuritaire alarmante dans la province de l'Ituri. 

Il a exprimé sa vive inquiétude face à la fermeture des paroisses catholiques de Jiba et de Pkandroma, dans le territoire de Djugu, suite aux menaces directes des miliciens contre les prêtres et les laïcs, une décision prise par l'évêque du diocèse de Bunia.

Le professeur Kamaragi a souligné que la seule voie pour rétablir l'ordre repose sur la responsabilité de l'État, exhortant ainsi le gouvernement à agir pour protéger la population. 

Il a également encouragé les chrétiens de Pkandroma et de Jiba à maintenir leur foi malgré les persécutions qu'ils subissent, les comparant aux épreuves traversées par les chrétiens du premier siècle.

Face aux violences récurrentes des miliciens, notamment de la milice CODECO, il a rejeté l'idée d'une guerre interethnique en Ituri, affirmant qu'il s'agit plutôt d'un conflit manipulé par des forces extérieures. 

Pour lui, les idéologies des milices ne représentent pas les communautés locales, ce qui exclut toute interprétation ethnique du conflit.

Le professeur Kamaragi a appelé le gouvernement central à prendre des mesures décisives pour désarmer ces groupes armés, que ce soit par des moyens pacifiques ou par la force, grâce à la puissance de l'armée congolaise.

Enfin, il a déploré la perte d'autorité des chefs coutumiers, qu'il attribue à des interférences politiques, et a critiqué la Commission de résolution des conflits coutumiers dans la chefferie de Bahema Nord. 

Selon lui, l'actuel chef, Willy Pilo Mulindro, n'est pas légitime, car il n'appartient pas à la lignée coutumière. 

Il a annoncé que les intellectuels prévoient de déposer une plainte contre cette commission afin de rétablir l'autorité traditionnelle dans la région, car, selon lui, la restauration du pouvoir coutumier est essentielle pour garantir la sécurité.

Il a interpellé de manière insistante le gouvernement central de la République Démocratique du Congo, l'exhortant à trouver une solution durable à la crise sécuritaire en Ituri.