Affaire Lithium de Manono : Alexandre Luba Ntambo condamne l'élite politique et intellectuelle de sa communauté

 



Par Dynamik Infos.com



Alexandre Luba Ntambo est un politicien kino-congolais. Il avait occupé le poste de vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants du gouvernement Matata à partir du .

Alexandre Luba Ntambo, détenteur d’un diplôme de pharmacien de l’université de Kinshasa en 1975. Il est né le  à Manono (Katanga), marié et père de cinq enfants.

Parmi ses responsabilités antérieures, il a été directeur de cabinet du conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité (2001-2002), ADG adjoint au titre de mandataire de la Gecamines à Kamoto Copper Company (KCC) (2009-2012).


Voici sa chronique sur le lithium de Manono


Je voudrais donner mon point de vue sur cette question d’actualité.

D’abord, il y a lieu de condamner l’élite politique et intellectuelle de notre communauté. Elle commet souvent l’erreur monumentale de laisser à nos masses populaires et à la rue le rôle d’exprimer, seules, nos doléances et nos aspirations les plus légitimes même dans les situations les plus critiques de notre intérêt commun. Naturellement, l’argumentaire présenté par le commun des mortels pour exprimer ces doléances se révèle souvent faible et trop émotif. Il risque de ne pas être assez convaincant même aux yeux de l’opinion générale non partisane. Il est susceptible d’être aisément balayé. 

En effet, notre communauté s’oppose au projet annoncé récemment par le Gouverneur de la province du Haut -Katanga et par le Ministre de l’Industrie créant dans la périphérie de Lubumbashi une Zone Économique Spéciale au sein de laquelle « une Chaîne de Valeur » de Lithium sera installée. 

Le Lithium en question est, sans le moindre doute, celui  qui sera essentiellement produit dans la province du Tanganyika à Manono et secondairement dans le Haut-Lomami (Malemba-Nkulu…),  peut-être aussi dans d’autres coins de ces deux provinces. 

Habituellement, une Chaîne de Valeur identifie toutes les activités primaires et de soutien qui ajoutent effectivement de la valeur et de la différenciation au produit final d’une entreprise. 

L’opinion générale risque de ne pas comprendre cette position des communautés riveraines des mines de Lithium si les gens se limitent à dire non sans argumenter ni expliciter leur refus.

En vérité, notre communauté se demande pourquoi créer prioritairement cette chaîne de valeur dans une province où existent déjà plusieurs activités économiques génératrices de développement, et non pas dans celles qui en manquent dramatiquement et qui seront les principaux producteurs de la matière concernée ?

A mon avis, c’est là que s’est installé un triste dialogue des sourds. Et c’est le rôle de l’élite intellectuelle et politique de notre communauté de bien expliquer les choses et faciliter les débats. En ce qui me concerne, je fais ma part.

Ce dialogue des sourds se présente comme suit  :

  • D’une part, Il y a beaucoup de gens qui veulent considérer les revendications des ressortissants des provinces qui fourniront le Lihium comme des simples agitations venant des personnes peu nationalistes et ignorantes. C’est-à-dire des ignorants qui s’agitent mais ne comprennent pas que le Lithium n’est qu’une matière première. Ils rappellent q’une matière première est destinée à toute  industrie de transformation qui en a  besoin dans le monde. Les industries de transformation ne peuvent être toutes  tenues par quelque règle que ce soit de s’établir obligatoirement  dans la zone d’extraction de la matière première. C’est pourquoi, cette catégorie des gens trouvent ces doléances illogiques puisqu’il en est ainsi de toute autre matière première.  C’est le cas, par exemple, du Coltan du Kivu ou d’ailleurs qui compose les appareils électroniques, ordinateurs et smartphones, fabriqués par plusieurs firmes dans le monde. Il en a toujours été de même de toute matière première comme le cuivre, le cobalt, l’étain, l’or, le fer, le manganèse,  certains produits agricoles et forestiers (caoutchouc, bois), etc… exportés vers d’autres régions de la planète où ils sont diversement transformés en produits finis et semi-finis distribués dans le monde entier.

Pourquoi donc, disent-ils, l’industrie de transformation de Lithium de Manono ne s’établirait-elle pas au Haut-Katanga, ou ailleurs au Congo en un lieu de  choix de l’investisseur  ?

De là, la tentation de vouloir accuser les plaignants de chercher à se singulariser ou de se considérer comme des citoyens pas comme les autres devient un argument facile qui bloque le dialogue.

  • D’autre part, dans  le chef des communautés du Tanganyika et du HautLomami, les décisions prises par les  autorités, les nombreux débats organisés autour de l’exploitation du Lithium en excluant systématiquement les représentants des communautés riveraines, les multiples conflits d’intérêts, très visibles, entre acteurs et décideurs autour de la participation au capital de la société d’exploitation du Lithium afin de s’en assurer le contrôle, constituent la preuve manifeste de la volonté inavouée des décideurs d’ignorer les intérêts des communautés locales riveraines et de considérer les régions détentrices des gisements du Lithium comme des simples pourvoyeuses de matières premières au profit d’autres concitoyens..

Et pourtant, un débat honnête et serein entre acteurs, décideurs et riverains pouvait permettre de se comprendre et de trouver des réponses satisfaisantes qui rassurent les uns et les autres en s’inspirant notamment des solutions prises par d’autres pays en Afrique qui ont eu à faire face à des situations et à des revendications semblables. A cette occasion, l’autorité publique devrait présenter aux plaignants des réponses adéquates, une perspective rassurante et une alternative acceptable et crédible à la chaîne de valeur de Lithium qu’elle tient à installer ailleurs. Ce n’est pas le cas. Pour le moment, les décideurs semblent plutôt s’engager dans une guerre pour le contrôle de Lithium avant même de penser aux pré-réquis et aux moyens nécessaires pour  le produire.

Pour moi personnellement, les revendications des populations riveraines des activités minières sont tout à fait fondées, classiques et légitimes. Elles méritent d’être soutenues  et clairement expliquées par ceux qui ont les moyens de le faire de par leur formation intellectuelle et  la position sociale qu’ils occupent dans la société.

Parler de chaîne de valeur pour le Lithium, cela sous-entend qu’il ne s’agit pas seulement de  construire une usine de fabrication des batteries-Lithium comme on le brandit. Il s’agira d’un enchaînement de plusieurs autres activités économiques, industrielles…, interconnectées  basées sur le Lithium, pour la production et la vente des produits  finis ou semi finis.  Ceux-ci  constitueront à leur tour des inputs pour la transformation, la fabrication dans la même Zone Économique Spéciale d’autres produits de ventes. En tout cas, c’est cela que signifie une « Chaine de Valeur  » selon Michael Porter qui a introduit ce concept.

Même si les populations qui protestent expriment mal leurs doléances, elles n’ignorent pas du tout que le Lithium de Manono alimentera diverses industries de transformation où qu’elles soient situées dans le monde. Elles n’ignorent pas non plus que la grosse partie de la production du Lithium de Manono sera exportée vers d’autres régions, vers d’autres continents. Elles ne refusent pas du tout que d’autres entreprises installées ailleurs au Congo utilisent le Lithium produit dans leur fief. Elles constatent aussi plusieurs non-dits. Developper un argumentaire pour les rabrouer ou leur en tenir rigueur est un faux débat. 

En effet, partant d’une part des nombreuses expériences connues ou vécues et d’autre part du concept de Chaine de Valeur, les populations riveraines des centres de production de matières premières éprouvent légitimement des appréhensions. Assurément parce-que rien ne démontre l’intention claire des autorités de créer quelque chose de semblable dans leur propre milieu. 

Tout confirme, comme déjà dit ci-haut, que leurs régions seront comme d’habitude délaissées et définitivement confinées dans l’unique rôle de pourvoyeuses de matières premières comme l’on fait les colonisateurs.  

Ce n’est pas un jugement d’intention car je ne vois pas comment le seul Lithium pourrait donner lieu à tant de Chaînes de valeur dans le pays.

D’ailleurs, l’exiguïté du marché local, le peu d’intérêt des consommateurs internationaux aux produits finis fabriqués en Afrique, le peu d’empressement des détenteurs des capitaux à investir dans notre pays, notamment dans l’industrie de transformation, l’existence de nombreuses industries semblables dans les pays à technologie plus développée, enlèvent tout espoir de voir une deuxième Chaîne de Valeur similaire de Lithium s’installer dans leur province.

Il y a lieu de signaler en passant que les vidéos publicitaires publiées il y a quelques temps par AVZ montrent que Manono ne produira qu’un concentré de Lithium à exporter via le port de Dar es Salaam ! Cela laisse supposer que c’est cette position qui a été révisée dans le sens de traiter ce concentré dans la Zone Économique Spéciale au Haut-Katanga ?

Cela confirme la crainte des populations des régions détentrices des gisements de Lithium de ne pas pouvoir bénéficier de suffisamment de retombées de l’exploitation de cette ressource. Cela renforce leurs sentiments d’être trompé tout le temps dans cette affaire puisque on les avait rassurés à un moment donné que dans la situation définitive, le Lithium métal sera produit dans les usines métallurgiques dès qu’elles seront installées à Manono ! Donc de tout coté, l’horizon est flou !

Or, c’est le droit légitime  de ces populations de voir les ressources naturelles de leur  région assurer  un développement durable de leur contrée qui accuse un retard de développement considérable par rapport au reste de la riche province minière du Grand Katanga.

Selon la définition donnée dans le rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’Organisation des Nations unies, dit rapport Brundtland, où cette expression est apparue pour la première fois en 1987, « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». 

En économie, les ressources naturelles non transformées sont classées dans le secteur dit primaire défini dans la loi des trois secteurs économiques au même titre que l’agriculture, la sylviculture, la pêche et les produits forestiers (bois, caoutchouc…). Il ne faudrait pas perdre de vue que, contrairement à ces autres ressources, les ressources minières sont épuisables et non renouvelables.

Comme tout le monde le sait, en Afrique et particulièrement en République Démocratique du Congo, les activités minières sont le moteur principal, si pas l’unique jusqu’à ce jour, de développement.  

En République Démocratique du Congo, l’exploitation minière constitue le pilier principal de l’économie nationale. C’est actuellement la seule activité économique susceptible d’entraîner rapidement l’émergence des secteurs secondaire (industries manufacturières, constructions liées à ce secteur primaire) et tertiaire  marchand (commerce, transports, activités financières, services rendus aux entreprises, services rendus aux particuliers, hébergementrestauration, immobilier, information-communication) ainsi que le secteur tertiaire non-marchand(administration publique, enseignement, santé humaine, autres activités sociales, etc.).

C’est lorsque le secteur primaire entraîne réellement l’émergence des secteurs secondaire et tertiaire pérennes que l’on peut s’assurer d’un développement durable.

Les  populations riveraines des mines ne souhaitent donc pas satisfaire à leurs besoins présents en compromettant la capacité des leurs générations futures de satisfaire aux leurs. 

Concrètement, tenant compte des expériences connues ou vécues, elles ont peur que l’épuisement inévitable de leurs ressources minières ne leur laisse que des trous et d’autres impacts négatifs que les activités minières occasionnent toujours, notamment ceux liés aux changements socio-environnementaux. 

Ils ne veulent pas abandonner leur progéniture à la misère extrême bien connue de l’après-mines.

A cet égard, le cas de Manono est très illustratif. L’exploitation industrielle de l’Etain commencée en 1910 a permis pendant toute l’époque coloniale un essor remarquable de ce territoire et des régions environnantes allant de MalembaNkulu au Maniema. Ce territoire était, avec ses infrastructures industrielles et sociales, aussi développé que la ville de Kipushi et plus développé que les cheflieux de plusieurs provinces  actuelles du pays. 

Mais il a suffi de la chute drastique de la production industrielle de l’Etain et de ses métaux associés, précipitée, jusqu’à l’arrêt, par divers événements malheureux qui ont émaillé le coin, pour que le territoire de Manono et ses régions environnantes régressent dramatiquement.  

Ces régions ont été quasiment ramenés à leur pristin état de zones rurales extrêmement pauvres et sous-développées. La forte population de ce territoire qui s’était accrue suite aux activités minières d’antan est restée totalement désœuvrée. Et le territoire était devenu le théâtre des troubles récurrents qui lui ont valu l’étiquette de « Triangle de la Mort ». 

Ceci, parce-que cette exploitation industrielle de l’Etain n’a pas pu entraîner d’autres activités que celles directement liées à ses propres besoins d’exploitation et de production de l’Etain et de ses  métaux associés. Ces activités ont totalement disparu avec l’arrêt de l’entreprise minière.

Voilà l’expérience que les populations de Manono et des régions environnantes, les populations de la province du Tanganyika, et pourquoi pas, toutes les régions pourvoyeuses de matières premières et ressources naturelles non transformées, redoutent et ne veulent plus re vivre.

Il ne serait pas très pertinent de leur opposer l’existence future possible des infrastructures industrielles, commerciales et sociales ni les sociétés de services qui naîtront dans la zone d’exploitation du Lithium mais qui seront liées directement à l’activité minière. Ce genre d’activités économiques disparaissent généralement à l’arrêt de l’exploitation. Leur existence à un moment donné ne garantit nullement un développement durable.

Les cas semblables dans le monde à ce qui est évoqué ci-haut sont légion où l’épuisement des ressources minières ont laissé des regions – qui prospéraient jadis grâce à l’exploitation de ces ressources – démunies, misérables et sousdéveloppés par rapport à d’autres qui ont pourtant bénéficié de leur labeur.

Aux États-Unis, par exemple, il existe des villes misérables qu’on a baptisées GHOST TOWNS (Villes Fantômes) puisque complètement désertées par leurs populations d’antan à la suite de la fermeture des activités industrielles, minières notamment.

Cela à cause des erreurs subséquentes que les populations du Tanganyika sont en train de demander avec insistance à notre gouvernement d’éviter.

Cette problématique des populations des villes américaines rendues pauvres par l’épuisement des ressources naturelles et son corollaire des mécontentements et frustrations  s’est invitée jusque dans la campagne des présidentielles qui ont permis au Président Trump d’exploiter intensément cette situation et rafler des nombreuses voix qui ont substantiellement contribué à son accession  au pouvoir.

Plus près de nous, l’exploitation du Diamant est aujourd’hui en déclin dans le Grand Kasaï. Cette exploitation minière qui a débuté comme partout ailleurs au début de la colonisation n’a  pas pu avoir les effets d’entraînement souhaitables pour l’économie de cette partie de la République. Suite à ce déclin, les populations se trouvent aujourd’hui plongées dans une misère indiscible suscitant des récriminations diverses fondées ou non. Ces pauvres citoyens, qui ont vécu jadis dans une prospérité relative sont aujourd’hui contraints à des exodes massifs vers des régions jugées relativement plus developpées où il ya encore des possibilités d’emploi. Et cela  ne manque pas de provoquer d’autres tensions sociales dans les provinces de destination.

C’est pourquoi il est vraiment étonnant que beaucoup de nos décideurs demeurent dans l’inconscience de ce que ces tensions et frustrations sociales des communautés riveraines des mines abandonnées peuvent entraîner comme conséquences. Et ce, malgré les nombreuses études publiées à ce sujet dans le monde. Ils ne prennent pas la mesure des impacts socio-politiques de cet extractivisme minier observé ces dernières années dans certaines parties du pays et particulièrement dans le Grand Katanga. 

Ils ignorent peut-être que les remous socio-politiques qu’ont connu le Nigeria et le  Cameroun à un moment donné, l’instabilité politique chronique au Burkina Faso, au Mali et dans d’autres régions du Sahel sont en partie la conséquence de cet extractivisme minier délétère qui cible particulièrement les parties du territoire national riches en ressources minières sans tenir compte des  droits fondamentaux et des intérêts des communautés riveraines ainsi que de ses nombreuses conséquences.

On rétorquera peut-être que la destruction des infrastructures industrielles et sociales de Manono crées à la suite de l’exploitation de l’Etain et des métaux associés est le fait des guerres et d’autres troubles auxquels ont probablement participé les natifs du coin.

Qu’à cela ne tienne ! C’est ici le lieu de rappeler ce  qu’ont été ces guerres.

Il s’agit, premièrement des guerres par lesquelles les populations locales ont combattu au prix de  beaucoup de sacrifices humains et matériel pour l’Indépédance nationale. Par la suite, ces populations ont mené des guerres contre les forces séparatistes, guerres sans lesquelles la RDC n’auraient probablement pas aujourd’hui ses limites territoriales actuelles. Enfin, il s’agit surtout des conséquences de la guerre d’agression des troupes rwandaises qui ont délibérément détruit toutes les infrastructures industrielles et sociales (Centrales hydro-électrique de Mpiana Mwanga, la Fonderie de l’Etain qui a été la plus grande fonderie des métaux en Afrique à l’époque, les ateliers de chaudronnerie, mécanique et menuiserie, les hôpitaux ainsi que la quasi-totalité des immeubles de la zone urbanisée du territoire).  

Ne pense-t-on pas que le nationalisme de bon aloi devrait également être reconnaissant de tant de sacrifices endurés et  songer à soulager prioritairement la misère de ceux qui ont tant souffert pour la Nation et écouter leurs revendications légitimes ?

La transition énergétique aujourd’hui à l’agenda de toute la planète fait du Lithium un métal hautement stratégique dont le monde entier a besoin pour atteindre cet objectif. 

Quoi d’anormal que les populations détentrices dans leur sous-sol de cette ressource y trouvent l’occasion, et la meilleure, longtemps inespérée et unique de voir enfin leur contrée, jadis abusivement traitée de « Katanga Inutile », atteindre, à tout le moins, le même niveau de développement que celui de l’autre partie de la riche province minière du Grand-Katanga ?

Qu’est-ce que l’Etat congolais, la nation congolaise et les autres concitoyens y perdent ? RIEN DU TOUT.

Une usine de fabrication des batteries ou autre paiera les mêmes taxes, impôts et redevances à l’Etat congolais où qu’elle s’installe sur le territoire national. Elle procurera de l’emploi et la prospérité aux congolais vivant dans ce coin du pays. A moins, bien sûr, qu’on nous dise que seule une catégorie des congolais a droit à l’accès à l’emploi, au développement et à la prospérité  !

Dans ce cas, où est le sens de nationalisme tant ressassé par ceux qui l’évoquent abusivement et écartent d’un revers de la main cette revendication si légitime ?

On nous opposera aussi certainement l’enclavement de la région, l’absence, en l’état actuel des choses,  des bonnes routes, des infrastructures énergétiques, de l’absence sur place de la main d’œuvre qualifiée, etc..

Ce sont toutes des raisons qui ne peuvent résister à aucune critique sérieuse. Au contraire, ces arguments révèlent un état d’esprit qui trahit une faiblesse inavouée  de la capacité de négociation des décideurs qui les avancent.

Un gouvernement doit, dans le cadre de ses missions publiques, pouvoir quand c’est nécessaire, imposer à un investisseur les lieux où il peut ou ne pas investir. Cela en fonction d’un plan de développement qu’il élabore en tenant compte de ses propres contraintes. Ces contraintes ne doivent pas être seulement des contraintes économiques souvent facilement avancées par l’entreprise qui veut s’installer mais un bon compromis entre celles-ci et les obligations de l’Etat, notamment sociales et politiques.

Lorsque l’Union Minière du Haut-Katanga a démarré ses activités, quel élément de tout cela existait sur place à l’époque ? La situation actuelle dans la région de Manono n’est elle pas de très loin meilleure à celle à laquelle l’Union Minière a eu à faire face au début de son implantation au Katanga  ? Si ce Lithium avait était decouvert dans une forêt vierge ou dans le désert où il n’y a absolument rien, vu son attrait actuel, les investisseurs n’iraient-ils pas le rechercher là-bas ?

Le cas de l’Union-Minière est bon à évoquer ici. Elle s’était investie totalement dans la mission de procurer le bien-être des populations environnantes par la création et la promotion d’un réseau de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et d’autres activités économiques qui n’avaient aucun lien direct avec son objet social. Elle a construit des usines de câbleries, laminoirs et tréfileries (CABELCOM, LATRECA), les usines de fabrication des tôles ondulées galvanisées (CUIVRE & ZINC). Elle n’est pas allée les ériger à des milliers de kilomètres de son aire d’exploitation !

Dans le passé, n’a-t-on pas construit l’usine de batteries des torches sur place  à Kisenge pour valoriser le manganèse produit par la société KISENGEMANGANESE ? 

Alors pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ? 

Rappelons-nous aussi les  compagnies à charte (CSK, par exemple) qui ont longtemps assuré pour le compte des métropoles l’exploitation des immenses richesses naturelles des pays colonisés en même temps que leur développement. C’est-à-dire, en contre partie des concessions reçues pour exploiter et commercer, elles étaient tenues à assurer pour le compte des puissances coloniales certaines missions publiques de participation au développement et de défense de la colonie, tout en restant des sociétés privées.

Notre plaidoyer n’entend pas demander cela. C’est juste pour montrer que c’est possible, cela s’est fait et peut encore se faire, mutatis mutandis.

Évidemment, nous ne sommes plus en période coloniale. Justement, c’est pourquoi il ne faudrait pas que notre propre Etat se comporte à l’égard de certaines parties de son territoire comme le colonisateur qui pillait jusqu’à les rendre pauvres les richesses de ses colonies pour enrichir la métropole.

IL FAUT ABSOLUMENT IMPLANTER LA CHAINE DE VALEUR DU LITHIUM DANS LA RÉGION,  AUJOURD’HUI DÉSHÉRITÉE, QUI PRODUIT CETTE MATIÈRE. 

ÇA NE SERA QU’UNE JUSTE COMPENSATION 

Alexandre LUBA NTAMBO

Vice-premier Ministre Honoraire

Commentaires

  1. Voilà un fils du coin qui prend une défense avec des arguments debout.

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  2. Merci beaucoup pour votre analyse nous vous soutenons , et nous sommes d’accord avec vous.

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