RDC : "Le Congo a un problème très sérieux. Les politiciens ont pris le pays en otage" (Willy Ngoma, porte-parole du M23)
Par Dynamik Infos.com
Dans une interview exclusive accordée lundi 13 juin à DW.com, Willy Ngoma porte-parole du M23 (Mouvement du 23 Mars), a indiqué que le Congo a un problème très sérieux. Pour lui, les politiciens Congolais ont pris le pays en otage.
"Le Congo a un problème très sérieux. Les politiciens ont pris le pays en otage. Ils considèrent le pays comme leur butin de guerre. Le peuple souffre, les gens mangent à tour de rôle dans certaines familles. Les prisons sont des mouroirs, il n'y a pas de routes, dans l’enseignement rien ne va, dans les hôpitaux, il n’y a pas de médicaments" dit-il. Avant d'ajouter : "Nous avons signé des accords depuis 2013. Depuis cette date, ils n’ont pas fait quelque chose. Nous avons attendu jusqu’à 2017. Nous étions en exil en Ouganda. Nous sommes revenus dans les collines. Pendant cinq ans, nous sommes restés là-bas, sans déranger personne. Nous avons dit au gouvernement que pendant dix ans, nous avons abandonné nos familles, que nous sommes en exil, sans conditions, acceptez que nous puissions rentrer dans notre pays, aidez-nous à rentrer dans notre pays. Ils ont refusé. En retour, ils viennent nous attaquer. Nous avons riposté, rien que pour nous défendre. Ils cherchent à nous exterminer. Ils ont dit que nous ne sommes pas des Congolais, que nous sommes des Rwandais".
Outre les revendications identitaires, le M23 demande au Gouvernement Congolais de respecter les accords signés avec le Président Tshisekedi.
"Ce que nous avons signé avec le gouvernement congolais, avec le président Tshisekedi. Que nous puissions prendre tous les politiciens du M23 et les militaires et les remettre à la disposition du président Tshisekedi. Les militaires iront au Congo central pour leur cantonnement. On doit créer une brigade de quatre bataillons avec l'armée congolaise pour traquer notamment les ADF".
Le M23 nie le soutient du Rwanda à ce mouvement
"Nous avons fait cinq ans dans les collines. Dieu nous est témoin. Comment nous nous sommes battus pour vivre. On a eu aucun soutien sauf de nous-mêmes. Nous avons trois sources d’armes. La première source, ce sont nos caches d’armes. Nous avions caché des armes dans les zones que nous contrôlions en 2013. Le gouvernement a pu détecter certaines de ces caches. Nous avons déterré ces armes. Nous avons commencé l’action. Notre deuxième source, nous achetons des armes au sein des FARDC. Ils en sont conscients. Ils vendent des armes et des munitions. Des civils achètent des armes à bas prix chez eux et nous les revendent à des prix exorbitants. Notre troisième source, lorsqu’il y a des affrontements avec les FARDC, ils jettent leurs armes que nous récupérons. Nous avons travaillé au sein de ce gouvernement et nous avons fait des économies. Nous donnons notre sang pour cette cause noble. Nous vendons nos vaches, nos maisons, nos voitures. Nous avons tout vendu pour cette cause. Du Rwanda, nous ne recevons même pas une seule aiguille. Pas même d’un autre gouvernement. C’est par notre détermination que nous faisons fonctionner notre mouvement. Là où nous sommes, il n’y a pas de minerais que nous contrôlons. Nous avons tout sacrifié pour cette cause. Il y a seulement de la pomme de terre et des oignons. Pas de minerais". précise ce mouvement rebelle.
Pour mettre fin aux combats, le M23 sollicite du gouvernement Congolais, le dialogue.
"Nous sommes ouverts au dialogue, un dialogue franc. Nous sommes tous des Congolais, des Africains. Il y a ce que l’on appelle l’arbre à palabre. Le linge sale se lave en famille. Qu’on se parle entre frères et nous allons trouver un modus vivendi entre nous" conclu Willy Ngoma.
Le lundi 13 juin dernier, la stratégique cité frontalière de Bunagana (Nord-Kivu) est tombée dans les mains des rebelles du M23 et leurs alliés que la partie congolaise déclare clairement être des militaires rwandais. Après d'intenses combats autour de ce centre de commerce transfrontalier, des éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo ont décidé, le même lundi, de se diriger vers l'Ouganda ou encore de rester dans les environs, en dehors de la cité. L'armée congolaise justifie sa position par le souci d'épargner des civils qui étaient déjà exposés par des affrontements entre les forces loyalistes et les rebelles. Le lieutenant-colonel N'Djike Kaiko Guillaume, porte-parole militaire dans la contrée, rassure au sujet de la riposte en vue.
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