RDC : "Si le déficit énergétique n'est pas résolu à court terme et que la solution au déficit en énergie de l'industrie du gouvernement reste Inga 3 et Grand Inga...le pays risque de rater à tirer profit de la transition énergétique" alerte Freddy Kasongo, secrétaire exécutif d'OEARSE

 

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Par Jules Mbuyu



Dans un rapport rendu public ce mercredi 24 Novembre 2021 à Lubumbashi, l'Observatoire d'Etudes et d'Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE) note que le déficit en énergie dans le Sud de la RDC bloque le développement du secteur minier et risque de compromettre son avenir malgré les efforts consentis par le gouvernement, qui veut faire de ce pays, la solution du changement climatique.

Dans ce même rapport intitulé : "L'industrie extractive et la problématique du déficit énergétique en RDC : "Avons-nous une vision et pour quel impact ?", cette structure de la société civile "décrit comment, en dépit de la demande croissante en énergie électrique par l'industrie minière, l'obligation législative de transformer localement les minerais pour tirer un bénéfice substantiel de l'exploitation minière, et jouer un rôle majeur dans la transition énergétique, le gouvernement n'a pas proposé de solutions concrètes qui devraient permettre d'améliorer le taux d'électrification dans le pays, y compris chez les miniers".

Selon Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de l'observatoire d'études et d'appui à la responsabilité sociale et environnementale (OEARSE), qui signe ce rapport, "il est difficile de trouver des projets publics en cours de développement pour répondre au déficit de l'industrie minière et que ces vingt dernières années, des allocations insuffisantes budgétaires furent alignés au budget pour les dépenses d'investissement public dans le secteur de l'électricité sans un réel impact sur la demande en énergie" souligne-t-il.

Freddy Kasongo ajoute également qu'en "l'absence des initiatives publiques, la majorité des entreprises minières opérant au pays se sont résolues à sécuriser des sources d'approvisionnement en énergie en s'investissant dans la construction des nouvelles infrastructures et par des contrats partenariat public-privé avec la Société Nationale d'électricité. Outre ces efforts, la note démontre que depuis la libération du secteur de l'électricité en 2014, des nombreuses sociétés privées s'investissent dans le secteur énergétique du pays et celui des pays limitrophes tels que la Zambie en visant le déploiement rapide de projets énergétiques décentralisés qui visent l'industrie minière comme principal client".

Ce rapport souligne aussi que ces différentes initiatives semblent prêtes à générer plus de 2500 MW dans un délai relativement court que les projets INGA 3 et Grand INGA dont la décision de la présidence de la République de s'approprier le contrôle quasi-exclusif du projet a un impact négatif considérable sur l'avancement du projet notamment les conditions de sélection du développeur peu claires, et soulève des problèmes institutionnels sur la redevabilité et la gouvernance qui pourraient davantage retarder le développement du projet.

Ce tableau d'opacité sur le projet Inga 3 et Grand Inga renforce le contexte de fragilités et de tâtonnement du gouvernement sur son développement. En plus de la durée de sa construction et son déploiement qui pourrait être long, alors que le pays devra profiter de la transition énergétique par la valorisation de ces minerais aujourd'hui et non plus tard.

Le rapport de OERSE démontre également que les efforts de sécurisation par les miniers des sources d'approvisionnement alternative à INGA 3 et Grand INGA, écarte l'intérêt de celle-ci à atteindre sa concrétisation pour surmonter la problématique du déficit énergétique qui, selon cette structure de la société civile dans la région du Katanga, crée un manque à gagner pour l'industrie et l'État.

Pour palper le manque à gagner et son incidence sur les revenus du secteur minier au pays, Freddy Kasongo explique que ce rapport a mis en évidence deux grands projets miniers du pays pour illustrer de manière concrète comment le déficit en énergie impact les projets miniers.

"Il s'agit à titre indicatif de la Sicomines qui n'a pas atteint la production prévue dans la convention avec la RDC en invoquant le déficit énergétique et de Kamoa-Kakula à Kolwezi qui est la deuxième plus grande mine de cuivre au monde et qui a reçu du gouvernement congolais l'autorisation d'exporter ses concentrés de cuivre vers des fonderies internationales".

Le rapport conclu que si le déficit énergétique n'est pas résolu à court terme et que la solution au déficit en énergie de l'industrie du gouvernement reste Inga 3 et Grand Inga qui pourrait prendre des années pour produire et livrer son premier MW à l'industrie minière, le pays risque de rater à tirer profit de la transition énergétique qui est une opportunité très stratégique pour la nation.

Face à ce tableau, OERSE recommande au gouvernement de la RDC ce qui suit : 

- De définir une vision d'électrification de la RDC qui serait exprimée dans le cadre d'une politique nationale énergétique assortie d'une planification qui démontrerait une modélisation claire et intégrée de l'électrification de la RDC et de son industrie,

- S'investir dans l'élaboration d'outils législatifs et politiques, y compris des incitations fiscales pour permettre au secteur de l'énergie de se développer et de prospérer,

- De renoncer à des solutions d'électrification inadaptées comme Grand INGA et de se concentrer plutôt sur la mise en œuvre de projets énergétiques capables d'apporter la lumière à tout le peuple et son industrie dans un délai plus court, 

- De développer une politique de transformation et valorisation de nos produits miniers au niveau local pour profiter de la transition énergétique en créant plus de richesses au pays et enfin

- D'exploiter de nombreuses ressources abordables et durables auxquelles nous avons accès au pays telles que l'énergie hydroélectrique à petite échelle, l'énergie solaire et éolienne et tant d'autres qui peuvent nous aider à évoluer plus rapidement vers un modèle énergétique décentralisé, capable de fournir l'électricité abordable et fiable sur l'échelle nationale.

Pour rappel, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a ouvert ce  Mercredi 24 Novembre 2021, au Palais du Peuple, le DRC-AFRICA Business Forum 2021.

Ce grand événement vise à changer le paradigme de gestion des ressources naturelles afin d'impacter significativement la vie des congolais et des ressortissants d'autres pays africains en exportant les minerais qui rentrent dans la production des précurseurs des batteries avec de la valeur économique, notamment le cobalt, le cuivre, le lithium, la manganèse, le nickel et la graphite. Cette approche permettra à la Rdc et à l'Afrique de jouer son rôle stratégique dans la transition énergétique et écologique.  


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